Test du Epomaker HE80 : un clavier Hall Effect accessible et redoutable

Quand j’ai découvert le Epomaker HE80, j’ai d’abord été intrigué par son prix plancher (moins de 70 €) pour un clavier équipé de switchs Hall Effect magnétiques. En tant qu’amateur de claviers mécaniques, j’ai testé de nombreux modèles, mais celui-ci promettait des performances proches du haut de gamme à un tarif largement abordable. Après plusieurs jours d’utilisation intensive en jeu et en bureautique, voici mon retour détaillé.

Unboxing : une belle surprise dès l’ouverture

L’expérience commence dès l’ouverture de la boîte, et pour un clavier vendu sous la barre des 70 €, Epomaker ne se moque pas de nous. Le packaging est soigné, sans fioritures inutiles mais avec l’essentiel bien présenté. Sous le clavier, on découvre un câble USB-C tressé de bonne qualité, bien plus agréable et robuste que les câbles en caoutchouc classiques qu’on retrouve sur des modèles concurrents dans cette gamme de prix.

On trouve également trois switches MagneX de rechange, un extracteur 2-en-1 pour keycaps et switches, un manuel multilingue, et surtout, une surprise bienvenue : un set de keycaps noirs supplémentaires. Les keycaps d’origine comprennent en effet quelques touches transparentes qui laissent passer la lumière RGB. Mais pour ceux qui préfèrent une esthétique plus sobre, comme moi, pouvoir les remplacer immédiatement par des keycaps pleins est un vrai plus.

Dans le détail, la boîte contient :

• Le clavier HE80
• Un câble USB-C vers USB-A tressé
• Un manuel multilingue (anglais, français, espagnol, italien, coréen, japonais, chinois)
• 3 switchs magétiques supplémentaires
• 3 keycaps PBT supplémentaires
• 1 outil 2-en-1 pour retirer les keycaps et les switches

Design et construction : sobre, mais bien pensé

Le HE80 adopte un format 75 % avec 82 touches, ce qui lui confère un bon compromis entre compacité et fonctionnalité. La version noire que j’ai reçue est sobre, élégante et surtout bien finie pour sa gamme de prix. Le châssis est entièrement en plastique, ce qui limite un peu la sensation de solidité en main, mais il reste bien assemblé et sans craquement.

La plaque interne est en FR4, un matériau composite (fibre de verre) très souvent utilisé dans les PCB et certaines plaques de claviers custom. Elle assure une bonne rigidité et contribue à un son plus feutré. À noter : pas de flex cut, donc pas de déformation volontaire de la plaque pour plus de rebond. Le clavier utilise une structure gasket-mount, avec 4 couches d’amortissement (latex, IXPE, silicone, mousse) qui font très bien leur travail pour adoucir le son et la sensation de frappe.

Switchs MagneX : la magie des Hall Effect

Le gros point fort de ce clavier, ce sont ses switchs MagneX à effet Hall, une technologie sans contact qui repose sur la détection d’un champ magnétique pour déterminer la profondeur d’appui. Cela permet non seulement une durée de vie quasi illimitée (1 milliard de frappes annoncées), mais surtout une personnalisation extrêmement fine du point d’activation.

Grâce au logiciel Epomaker disponible directement depuisvv un navigateur web, j’ai pu configurer les touches de manière granulaire : point d’activation à 0,1 mm pour les touches de déplacement (WASD), rapid trigger (réarmement dynamique) activé pour un retour instantané, et le reste des touches à 1,5 mm pour plus de confort.

Les switchs sont linéaires et lubrifiés en usine. La frappe est fluide, douce, et sans cliquetis. Le bruit est feutré, très agréable à l’oreille, ce qui en fait un bon candidat même pour un usage dans un bureau partagé.

Performances en jeu : une machine taillée pour le FPS

Avec son polling rate de 8000 Hz et son temps de réponse de 0,125 ms, le HE80 fait partie des claviers les plus réactifs que j’ai testés, même face à des modèles bien plus chers. J’ai testé Fortnite, Apex Legends et Valorant, et la différence se sent : chaque mouvement, saut ou glissade s’exécute avec une précision chirurgicale.

Le rapid trigger permet un réarmement immédiat de la touche dès qu’on relâche un peu la pression, ce qui donne un avantage certain dans les jeux où le mouvement rapide et répétitif est essentiel.

Attention toutefois : si vous poussez les réglages à l’extrême (0.02 mm d’activation), vous risquez des appuis fantômes. Je recommande de rester à 0.1 mm sur les touches critiques.

Expérience bureautique : précis mais exigeant

En dehors du jeu, le clavier se comporte très bien pour écrire, coder ou naviguer. La frappe est fluide, silencieuse, et les keycaps en PBT offrent un bon grip. Toutefois, il m’a fallu quelques heures d’adaptation pour ne pas activer des touches par erreur, surtout en gardant des réglages sensibles.

Le layout 75 % est pratique pour la plupart des usages, avec accès aux touches fléchées, aux fonctions (F1-F12) et aux raccourcis essentiels. Mais les amateurs de productivité pure regretteront peut-être l’absence de pavé numérique.

RGB et personnalisation

Le HE80 propose un éclairage RGB par touche avec plusieurs effets pré-enregistrés (vagues, reactive typing, arc-en-ciel, etc.). Le rendu est bon même avec les keycaps opaques, mais si vous aimez les setups flashy, les touches transparentes incluses sont un vrai bonus.

Tout est personnalisable depuis le logiciel en ligne : intensité, vitesse, mode, couleurs par touche, etc. L’interface est claire, réactive, et très facile à prendre en main.

Fonctions avancées : plus qu’un clavier gaming

Le HE80 embarque aussi plusieurs fonctions que les gamers avancés apprécieront :

• SOCD cleaning : idéal pour les jeux de combat ou les combinaisons de touches rapides, en neutralisant les entrées contradictoires.
• Dynamic Keystroke / dual action : une touche peut exécuter une action différente selon la profondeur d’appui. Par exemple, un appui léger pour marcher, plus profond pour courir.
• Toggle key : pour activer un mode en continu par un simple appui.

Certaines de ces fonctions peuvent être détectées comme des macros dans des jeux compétitifs (CS2 par exemple), donc prudence selon les titres que vous jouez.

Hot-swap et modding

Le clavier est hot-swappable, mais uniquement avec des switchs magétiques south-facing. Pas de compatibilité avec des switchs Cherry MX ou similaires. Le retrait des switches est simple, les sockets sont solides, et le format standard permet quelques modifications pour les plus aventureux (changement de mousse, ajout de tape mod, etc.).

Durabilité et fiabilité

Avec une durée de vie annoncée de 1 milliard de frappes par switch, le HE80 semble taillé pour durer. La construction plastique est robuste mais pourrait marquer en cas de chute. Le câble est amovible, ce qui prolonge sa durée de vie. Durant mon test, aucun bug ni crash logiciel, hormis un petit bug d’interface dans le logiciel web (affichage redondant des valeurs d’activation) qui n’affecte pas les performances.

Verdict : une référence Hall Effect à prix mini

Le Epomaker HE80 m’a sincèrement impressionné. Pour moins de 70 €, il propose des prestations qu’on retrouve d’ordinaire dans des claviers à 2 ou 3 fois ce prix : technologie Hall Effect de pointe, gasket-mount amorti, polling rate de 8000 Hz, logiciel complet, design soigné, keycaps double shot… Il coche presque toutes les cases.

Alors oui, ce n’est pas le clavier le plus premium du marché, la texture de la barre espace est perfectible, et on aurait aimé un mode sans-fil. Mais à ce tarif-là, ce sont des détails faciles à excuser.